Je suis sortie de la maison ce matin, c’était le chaos total à Houston. A vrai dire, c'est pareil partout dans le monde, suffit de voir les journaux télévisés ou de regarder sur Youtube les vidéos que les survivants y mettent. Mais je ne pensais pas que ça se produirait chez moi, dans ma ville... Les gens ne comprennent pas ce qui s’est passé, je ne le comprends pas davantage, pour être tout à fait honnête. Cependant, comme eux, je veux fuir, partir et me réfugier dans un endroit où ces... morts – peut-on les nommer ainsi? – ne pourront pas nous atteindre, ma fille et moi. La pauvre, elle a tellement peur. Elle m’a regardé avec ses grands yeux verts et m’a demandé:

- Maman... pourquoi Mr Marlowe là-bas mange Mrs Wilkins?

Oh, on pourrait croire à une bonne blague salace, mais non. Non, cet homme – notre voisin qui était un peu comme un grand-père pour Jade – que ma fille me pointait alors que nous venions de sortir de la maison, avait le visage barbouillé de sang et sa bouche déchirait la chair de cette femme – qui gardait ma puce lorsque je n'avais pas de baby-sitter – comme si elle était un bon steak. J’ai détourné les yeux et pris ma fille, Jade, dans mes bras, ne prenant pas le temps de lui cacher cette vision macabre, j'avais bien plus urgent à faire: la mettre à l'abri. Elle verrait sûrement des choses plus horribles encore. Malgré tout, nous devions partir et ce, le plus vite possible. Je ne pensais pas qu’ils étaient si près de chez moi. Je ne pensais pas qu'ils étaient chez moi. Du moins, à la télévision, ils n’en avaient pas parlé. Ils avaient parlé d’épidémie, mais avaient omis de préciser que notre belle ville n'était pas épargnée.

Mais je devais bien me rendre à l'évidence. Ce que je regardais droit devant moi n'était pas vraiment mieux... Je devais à tout prix demander à ma petite Jade de bien fermer les yeux. Je la protégerai jusqu'au bout.

- Ne regarde pas, ma puce. D’accord? N’ouvre pas les yeux tant que je ne te le dirai pas. Accroche-toi très fort à maman, trésor.

Jade a passé ses petits bras autour de mon cou et j’ai couru, très vite. Il y avait des gens partout, des voitures passaient près de nous sans jamais s’arrêter. Je ne voulais que sauver ma fille, mais personne ne semblait prêt à m’aider. Je ne me suis pas arrêtée, j’ai couru encore et encore. Combien de temps? Je ne saurais le dire, je ne le sais pas... Je ne le sais plus.